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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/302

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IX
un cœur de jeune fille (suite)

Il est bien vrai que cette conversation avait fait trop mal à Jean, si mal qu’il ne se sentit ni la force de la prolonger sur le moment, ni celle de la renouveler, durant l’après-midi, qu’il passa tout entier à se promener seul de la Sorbonne à la bibliothèque Sainte-Geneviève, pour tuer le temps, comme étonné que rien n’eût changé autour de lui dans le décor de ce quartier du Panthéon et du Val-de-Grâce, qui venait d’être pour lui le théâtre de scènes si tragiques. Les événements produits par des causes profondes ont de ces alternatives d’explosion et d’apaisement. Ils ressemblent à ces tremblements de terre qui manifestent le secret travail du feu sous un sol miné. Un brusque sursaut de formidables secousses a lieu… Puis, c’est le silence, c’est l’immobilité, c’est la reprise, anxieuse au fond, timide et pourtant active, des habitudes d’auparavant, jusqu’à ce qu’un nouvel éclat, plus terrible, achève soudain le cataclysme. Entre la rencontre avec M. Ferrand et sa fille dans l’allée solitaire du Luxembourg et cet entretien