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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/396

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rieur du fait de la vilenie dont l’autre s’était souillé ! Il entendait sommer son camarade de remplir son devoir, et, s’il refusait, le souffleter. Il se souvenait bien, comme Julie, du billet reçu le matin même, et où Rumesnil disait qu’il déjeunait dehors. Était-ce vrai ? Jean n’y croyait pas. Ce fut une véritable déception, quand, arrivé rue de Varenne, et sur sa demande : « Monsieur le comte est-il chez lui ? « il se heurta contre une réponse négative. Le concierge ne sut pas davantage lui dire à quelle heure son maître rentrerait.

— « Je vais l’attendre dans la rue, tout simplement… » pensa Jean. Il commença de faire les cent pas sur ce trottoir. Il y avait une demi-heure peut-être qu’il allait et venait ainsi, lorsqu’il lui sembla reconnaître, dans un individu qui débouchait de la rue du Bac, son propre concierge, le père Maradan. Le bonhomme l’avait vu, certainement, lui aussi, mais il s’arrêta du coup et fit semblant de regarder les illustrations à l’échoppe d’un marchand de journaux. Cette attitude du messager de Julie ne permettait guère le doute. « Pourquoi a-t-il l’air de m’éviter ? Est-il possible qu’il apporte une lettre d’elle à Rumesnil ? » se demanda le frère. « Mais oui. Elle se repent déjà de m’avoir parlé. Elle a eu peur pour lui. Elle a voulu le prévenir… Je vais bien le savoir… » Il marcha dans la direction de Maradan, puis le dégoût pour l’ignoble besogne de basse police que représentait un pareil interrogatoire, d’un pareil personnage et dans un pareil