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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/503

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BRIGITTE FERRAND

ils seraient avec nous. Et puis, il faudrait que Jean se fit catholique. Il est libre… Lui catholique ! Lui ! Cet amas de grossières superstitions admis par cette belle intelligence que j’ai vue grandir, que j’ai formée ! Est-ce possible ?… Ce qui est possible, ce qui est probable, c’est que cette petite aura été coquette avec lui, qu’il se sera laissé prendre à ce jeu et que l’autre en aura profité… Elle est donc bien séduisante ? Comment est-elle ?… J’ai dû la rencontrer avec son père. Je ne me la rappelle pas… Pauvre Jean, si droit, si simple, si vrai, pourvu que cette fille et ce père ne se soient pas joué de sa candeur ! Pour la bonne cause tout leur est permis : A. M. D. G… Il lui a pourtant prêté ces cinq mille francs. Qu’est-ce que cela lui coûtait ? Il est riche, et il était bien sûr que cet argent lui serait rendu… Ah ! que j’aurais voulu le rendre aujourd’hui ! J’aurais eu un prétexte pour aller chez lui… Si j’y allais ? Ne l’ai-je pas, ce prétexte ? Mon fils lui a emprunté une grosse somme. Je l’ai appris. Je suis le père. Je viens l’en remercier. C’est une démarche plus que permise, obligatoire… L’en remercier ? Ou le lui reprocher… Car une demande comme celle-là exige que l’on avertisse le chef de la famille, surtout entre collègues. C’est mon droit de parler à Ferrand très net là-dessus et de me plaindre, courtoisement, mais fermement, d’autant plus que je peux lui annoncer que la dette sera réglée dans trois jours… Ce délai même, dont je lui dirai la raison, en lui