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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/17

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préface

constatation, mais heureusement que je me souvins à temps que mon ami n’était pas là pour me recevoir dans ses bras, c’est pourquoi je ne m’évanouis point.

Le surlendemain j’eus une nouvelle idée et je me tins à peu près ce langage — tout bas puisque j’étais seul avec moi-même et qu’il était inutile de parler tout haut.

— Mon pauvre vieux, tu es né de parents pauvres mais honnêtes, le 18 février 1851 à six heures du soir, au numéro 8 de la rue d’Argenteuil, à l’entrée de la butte des Moulins, aujourd’hui disparue, entre deux mauvais lieux, les Tuileries d’un côté et le sommet de la butte qui était fréquenté par des filles de joie, ainsi nommées sans doute parce qu’elles exercent la plus navrante des industries ; tu es donc bien né natif du Ier arrondissement, contente toi d’explorer ledit Ier arrondissement. Très fier de cette découverte, je courus chez mon ami qui jeta une douche sur mon enthousiasme.

— Mais, malheureux, l’histoire du premier arrondissement, c’est l’histoire politique de la France entière, c’est l’histoire de l’art dans son ensemble et rien que pour parler convenablement de nos musées du Louvre, il te faudrait écrire au moins dix volumes.

Cette constatation, aussi simple que logique, était foudroyante, aussi je m’empressai de