Aller au contenu

Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
390
les chalets

des clients. Eh bien ! non, ces malheureux n’ont pas le choléra, mais hélas, ils se serrent le ventre et n’ont pas dix centimes pour satisfaire la rapace Compagnie des Chalets de nécessité.

Mais ce n’est pas tout, cette mesure pousse à la démoralisation de Paris et va jeter tout le peuple dans la plus crapuleuse ivresse, dans les plus épouvantables habitudes d’ivrognerie, et voici comment : à côté des gens qui n’ont pas les dix centimes — et ils sont nombreux, hélas ! — pour payer leur tribut, il y a ceux qui les ont, mais à qui cela fait mal au cœur de les donner. Alors, que font l’ouvrier en rentrant chez lui, le petit employé, la malheureuse demoiselle de magasin en course ? Au lieu de donner leur deux sous au chalet de nécessité, ils en mettent un de plus et vont boire une verte sur le comptoir pour avoir le droit de s’isoler à l’œil, et voilà comment la néfaste et trois fois maudite Compagnie des Chalets de nécessité pousse à l’ivresse, à la ruine physique et morale et à la dépopulation de la ville de Paris tout entière ! Horresco referens, conseillers municipaux, faites une enquête, sortez de l’Hôtel-de-Ville, allez sur les lieux, réveillez-vous, la métropole du monde est en danger !