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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/77

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LA FONTAINE DU PALMIER

les Yankees ont fait beaucoup plus fort et ont transporté ou avancé sur des rouleaux des hôtels entiers, sans le moindre accroc.

J’allais oublier de dire que des cornes d’abondance, terminées en têtes de dauphins, des chimères énormes, accroupies comme des sphinx, sur les quatre faces, jettent l’eau par la bouche — évidemment — dans le bassin circulaire surmonté de doubles vasques superposées.

Au milieu du brouhaha des voyageurs qui se précipitent pour monter dans les omnibus ou les tramways qui passent tout le long, le long des boulevards, des offres des marchands de billets qui crient le titre de la dernière féerie du Châtelet, des hurlements traînards des camelots, de la foule qui grouille, houleuse, et des enfants qui piaillent, au printemps, sur la place du Châtelet, sous les marronniers en fleurs qui vous enivrent, on reste volontiers un instant devant la fontaine des Palmiers, à respirer l’air frais qui vient, tamisé à travers les eaux vives et vous apporte le sifflement joyeux des hirondelles qui passent à deux pas, sur la Seine…