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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/207

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résolument à l’écouter avec un intérêt d’autant plus visible que je n’étais pas fâché de trouver un partenaire pour tuer le temps.

— Oui, Monsieur, reprit-il en ramassant la conversation que j’avais laissée tomber entre les banquettes de velours rouge à crépines d’or, il fait relativement froid et nous souffrons déjà horriblement ; mais c’est bien notre faute.

— Vous avez un moyen de supprimer le froid ?

— Non, Monsieur, mais vingt, mais cent moyens plus simples et plus ingénieux les uns que les autres de vous en préserver.

— Ça y est, me dis-je, le voilà à cheval, attendons.

— Les Français passent pour le peuple le plus spirituel de la terre ; je le veux bien, mais c’est aussi le plus routinier. Il y a certes de grands savants, de grands inventeurs, mais il n’y a pas l’ingéniosité. Et tenez, pour me faire comprendre, je vous dirai que le Français est gai, tandis que l’Anglais possède l’humour et que si le premier sait se meubler avec art, le second seul connaît le vrai confort.

— Je me suis trompé alors.

— Pourquoi !

— Parce que je vous avais pris pour un inventeur et je vois que vous êtes un sociologue doublé d’un observateur.

— Vous êtes trop aimable, mais je ne suis qu’un bien modeste inventeur et encore je ne fais