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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/152

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carne et nous dit d’attendre un momentino. Elle vint bientôt nous ouvrir, et M. V…, s’installant sur une chaise dans la boutique, me pria de lui servir d’interprète. Ses compliments et phrases galantes avaient le nerf démonstratif d’une proposition d’Euclide ; mais je les adoucissais en les traduisant, et la jeune fille répondait avec une décence et une naïveté si aimables, que la conversation rentra tout de suite dans les bornes de la politesse. M. V… voulait avoir de l’eau fraîche et des figues. La jeune fille nous offrit d’aller éveiller la fruitière ; au moment de partir elle nous avoua sans honte qu’elle n’avait pas d’argent.

— Nous sommes si pauvres, disait-elle, et nous vendons si peu de chose !

La fruitière apporta un panier de figues qu’elle nous céda pour deux paoli, et dont la petite marchande mangea sa part d’un air fort content. Après avoir fait une ample provision de cigares dont nous n’avions pas besoin, il fallut pourtant nous décider à partir. La jeune fille nous adressa des remercîments et des