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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/61

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la femme en lutte pour ses droits

science moderne feraient vite place les sombres lueurs des bûchers du Moyen âge.

On pourrait répondre d’abord qu’il est fort étrange que les partisans de la pensée libre n’hésitent pas à priver du droit d’exprimer sa pensée toute une moitié de l’humanité, sous prétexte que cette pensée peut différer de la leur. J’ajouterai d’autre part, que l’ordre actuel des choses ne me parait pas tellement équitable que la perspective de sa disparition puisse nous inquiéter autant. Dans l’ancien régime, on distinguait des nobles et des roturiers ; aujourd’hui, on distingue des gens du monde et des gens du peuple. C’est le fils d’un grand seigneur, disait-on autrefois : c’est un jeune homme de « bonne famille » dit-on aujourd’hui, parce que la Révolution a détruit le préjugé de naissance.

D’ailleurs les radicaux peuvent se rassurer ; le vote des femmes n’amènera pas de réaction, parce que la femme cléricale est un anachronisme. Certes, il est encore des femmes qui vont à l’église, mais c’est que l’église est le seul lieu où elles soient bien accueillies. L’homme se réserve le club, et aussi le marchand de vin ; il déclare la religion bonne pour les femmes ; les femmes sont dociles, beaucoup trop encore hélas, et elles conser-