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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/106

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

mot. « Enfin, nous dit madame l’abbesse, si ces demoiselles reviennent, je leur accorde une amnistie générale, mais c’est tout ce que l’on peut faire. Quant à madame Saint-Jérôme, c’est une personne de mérite et cette belle haine est une fantaisie. » Cependant nous reprîmes le chemin des cuisines. Toutes les personnes que nous rencontrions nous questionnaient. Quand nous revînmes, on nous entoura : « Eh bien, quelles nouvelles ? — Aucune ! » dîmes-nous tristement. Alors nous racontâmes ce que l’on nous avait dit ; ces demoiselles en prirent leur parti. Elles prièrent madame Saint-Sulpice de donner des provisions. Madame Saint-Sulpice dit qu’elle n’était que desservante de la cuisine, qu’elle n’avait point les clefs. Alors nous enfonçâmes les portes de la boulangerie et de la boucherie, et sœur Clotilde, après s’en être défendue, fut obligée de céder au grand nombre et apprêta le souper, qui fut très gai. L’on fit cent folies, l’on but à la santé de madame de Rochechouart et, ce qui prouva la tendresse que les pensionnaires avaient pour elle, c’est que l’on ne craignait pas autre chose, sinon “ qu’elle ne quittât la classe ; mais on se disait que, dans le fond de son cœur, elle pardonnait tout cela, puisqu’un des grands motifs qui