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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/107

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

avaient fait prendre madame Saint-Jérôme en guignon était que madame de Rochechouart n’approuvait pas qu’elle fût à la classe. Ce qu’il y avait de bon, c’est que madame Saint-Sulpice, qui était gaie et aimable, fut de la meilleure humeur du monde et s’accommoda fort bien de la violence qu’on lui fit de rester. Après souper, on joua à toute sorte de jeux et elle joua avec nous. Elle disait toujours qu’il lui semblait qu’elle était là comme un otage, et que, si ces demoiselles n’étaient pas satisfaites, elle en porterait la peine. Quand il fut question de se coucher, nous arrangeâmes une espèce de lit avec de la paille, qu’on prit dans la basse-cour. Il fut décidé que ce lit serait pour madame Saint-Sulpice, mais elle le refusa et dit qu’il fallait y coucher les petites qui étaient les plus délicates. On y établit donc les petites Fitz-James, Villequier, Montmorency et plusieurs autres qui étaient des enfants de cinq ou six ans. Nous leur entortillâmes la tête avec des serviettes et des torchons blancs, pour qu’elles n’eussent pas froid. Une trentaine des grandes se mirent dans le jardin devant la porte, de crainte de surprise. Les autres restèrent dans les cuisines. Enfin cette nuit se passa partie à causer, partie à dormir, comme