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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/120

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

» Madame de Romelin, toute hérissée de grec et de latin, nous amusait aussi ; nous l’appelions la fille aînée d’Aristote ; elle ne s’en fâchait point, car elle était bonne.

» Mais notre grand plaisir était d’établir la précieuse Mura au clavecin, alors elle chantait et madame de Sainte-Gertrude, qui était extrêmement gaie et imitait à ravir, se mettait derrière et contrefaisait toutes ses mines.

» Il venait aussi beaucoup de monde pour demander des permissions ou pour parler à madame de Royer ou à madame l’abbesse.

» Cette dissipation pouvait être du goût de beaucoup de gens ; mais, pour moi, je m’ennuyais un pou de l’obédience de l’abbatiale ; je ne sais pourquoi, mais il me semblait que cette manière du faire antichambre avait quelque chose d’humiliant. »

La coutume était à l’Abbaye-aux-Bois, de donner des bals pendant le carnaval une fois la semaine.

« Ce jour-là, dit la jeune princesse, nous quittions nos uniformes et chaque mère parait sa fille de son mieux, nous avions des habits de bal fort élégants. Il venait ce jour-là beaucoup de femmes du monde et surtout de jeunes