quelque chose d’ancien touchant l’Abbaye, elles ne savaient jamais rien.
» Une fois, madame de Saint-Romuald avait prêté une râpe à sucre à madame de Saint-Germain, qui l’avait perdue ou oubliée. Un dimanche pendant la grand’messe, madame de Saint-Germain se souvint de la râpe, et, comme ces deux siècles étaient à côté l’un de l’autre, madame de Saint-Romuald se penche vers madame de Saint-Germain et lui dit à demi-voix :
» — À propos, vous ne m’avez pas rendu ma râpe ?
» — Qu’est-ce que c’est que votre râpe ?
» — Comment, je ne vous ai pas prêté ma râpe ?
» Madame de Saint-Germain (vexée que cette demande lui soit faite à l’église) :
» — Je n’ai pas votre râpe.
» L’autre (colère, et haussant la voix) :
» — Rendez-moi ma râpe !
» Elles continuêrent si longtemps et si haut, que les pensionnaires éclatèrent de rire.
» Madame l’abbesse, surprise, demanda ce qui se passait, on le lui dit ; elle fit dire à ces dames de se tenir en repos et qu’elle leur enverrait à chacune une râpe.
» Revenues au dépôt, elles se boudèrent pen-