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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/142

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

cellule, s’en alla fort mécontente de son peu de complaisance.

» Au bout de trois mois que mademoiselle de Saint-Ange eût été au noviciat, sa mère vint un jour chez madame l’abbesse, lui dire que la vocation de sa fille était passée et qu’elle la priait de la lui rendre. Mademoiselle de Saint-Ange sortit donc, au grand chagrin de tout le couvent qui la regretta fort. Quelques jours après, madame de Saint-Ange écrivit à madame l’abbesse pour lui dire qu’elle lui demandait pardon de la supercherie qu’elle lui avait faite ; qu’elle avait eu dans sa maison son fils au lieu de sa fille : que, ce jeune homme ayant eu le malheur de tuer son adversaire dans un duel, elle lui avait fait prendre les habits de sa sœur et l’avait mis à l’Abbaye-aux-Bois, n’ayant trouvé que ce moyen de le dérober à la sévérité des lois.

» Madame l’abbesse lui répondit que, puisque la chose était faite, elle se félicitait que ce moyen eût sauvé la vie de quelqu’un qui lui avait donné fort bonne opinion de son caractère, pendant le temps qu’il avait passé chez elle. Madame Saint-Charles nous dit que souvent il échappait à mademoiselle de Saint-Ange de parler d’elle au masculin. »