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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/154

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

pas à recevoir les hommages des hommes les plus à la mode ; les mémoires contemporains prétendent même que son beau-frère, le duc de Choiseul, osa lui faire une déclaration qui fut fort mal accueillie ; Lauzun, dit-on, fut mieux traité ; mais ce goût passager fit bientôt place à un autre sentiment. On sait le rôle que jouaient alors les acteurs dans la haute société, on ne comptait plus leurs bonnes fortunes. Clairval était à ce moment le comédien à la mode et le favori des boudoirs. Il joignait, à un talent incontesté, une charmante figure, une tournure élégante et une audace que rien ne pouvait intimider. Il ne tarda pas à s’apercevoir du penchant qu’il inspirait à madame de Stainville et se décida à tout braver pour en profiter. Une femme de chambre et un laquais furent mis dans la confidence, et madame de Stainville poussa la folie jusqu’à recevoir Clairval chez elle, dans l’hôtel qu’elle habitait alors[1].

Quelque temps s’écoula, madame de Stainville mit au monde une seconde fille et rien ne trahissait en apparence l’éclat qui allait se produire ; mais la liaison de Clairval et de la comtesse s’ébruita peu à peu, la duchesse de Gra-

  1. Elle avait quitté l’hôtel Choiseul et habitait rue du Faubourg-Saint-Honoré, no 7.