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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/160

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

filles avaient de leur rang et de leur naissance contribuait à développer ces sentiments d’honneur et de délicatesse ; elles pratiquaient l’axiome Noblesse oblige, dans toute son étendue, et le reproche le plus amer qu’on pût leur adresser était d’avoir l’âme basse. Mais il faut reconnaître aussi qu’elles tenaient dans le plus profond mépris toute personne qui n’appartenait pas à leur caste. Hélène s’exprime là-dessus le plus naïvement du monde.

« Il y eut un moment, dit-elle, où il y eut une brèche aux murs de l’Abbaye, parce qu’on refit la muraille du jardin. L’usage est que, du moment qu’il y a brèche, la clôture est levée pour le temps que la brèche dure. Ce mur donnait d’un côté sur la rue et de l’autre dans le couvent des Petites-Cordelières ; ainsi, cela fit une espèce de communication. Ces dames furent mutuellement voir leur couvent.

» Celui des Petites-Cordelières n’était ni si grand ni si beau que le nôtre. Elles avaient en tout une trentaine de pensionnaires, mais ce n’étaient pas des filles comme il faut ; elles étaient bien embarrassées quand elles voyaient notre classe si nombreuse et composée des premières filles de France. »