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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/188

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

» La nuit, elle tomba dans l’agonie et l’on ne sonna point la cloche que l’on sonne toujours dans ces moments-là, tant à cause de la classe qu’à cause de madame Sainte-Delphine, qui était tombée dans un état de stupeur. Du moment qu’elle avait vu la maladie de sa sœur tourner à la mort, elle n’avait pas quitté le pied de son lit ; mais, après qu’elle eùt été administrée, madame la duchesse de Mortemart parla bas à madame l’abbesse, et dit à madame Saint-Delphine qu’elle la priait de ne point passer la nuit à l’infirmerie. Madame l’abbesse lui dit qu’elle l’exigeait et dit à madame Saint-Sulpice de ne pas la quitter. On la conduisit donc à l’apothicairerie où nous toutes, qui étions de cette obédience, passâmes la nuit à pleurer.

» On fut avertir madame l’abbesse, comme elle l’avait ordonné, que madame de Rochechouart était à l’agonie. Dom Thémines, son confesseur, ne l’avait point quittée. La duchesse de Mortemart était à l’abbatiale, car elle n’avait point voulu sortir du couvent. Quand on vint avertir madame l’abbesse, elle voulut aller avec elle ; mais madame l’abbesse la conjura de ne point venir, et elle envoya dire au duc de Mortemart de venir sur-le-champ. Il arriva, et il avait dès la veille demandé