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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/205

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

Il élait difficile de faire un plus mauvais choix : M. Delorme passait sa vie à voyager pour son agriculture et à dépenser son argent dans de coûteuses expériences faites dans la propriété qu’il habitait sur les bords de la Loire, près de Blois. Pendant l’hiver, il résidait presque toujours à Paris, fidéle habitué des salons du baron d’Holbach, de madame Geoffrin, et des diners politico-économiques du marquis de Mirabeau. Quant à son élève, il le traînait à la remorque dans ses voyages d’été et l’abandonnait en hiver à des mains subalternes sans la moindre surveillance. L’enfant, à peine âgé de sept ans, orphelin dès sa naissance, chétif et délicat, eût eu besoin de soins maternels et incessants. Au lieu de s’affermir, sa santé s’altéra de plus en plus ; livré à lui-même, ou maltraité par un sous-gouverneur ignorant et brutal ; favorisé par des instincts précoces et sensuels par un laquais corrompu, le pauvre enfant abusa de la vie, et, lorsque son oncle, à l’époque fixée pour le terme de son éducation, réclama son retour en Pologne, cn 1778, M. Delorme amena un enfant de quatorze ans à moitié fou, d’une ignorance absolue, et dans un état de santé déplorable. On comprend l’indignation dont fut saisi l’évêque, auquel on avait soigneu-