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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/282

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

fût-ce sur ma tête, et aimez-moi tous deux[1]. »

Le prince de Ligne avait pour la reine un véritable culte. « Qui eût pu voir l’infortunée Marie-Antoinette sans l’adorer ? écrit-il trente ans plus tard[2]. Je ne m’en suis bien aperçu que lorsqu’elle me dit : « Ma mère trouve mauvais que vous soyez si longtemps à Versailles ; allez passer quelques jours à votre commandement ; écrivez, de là, des lettres à Vienne, pour qu’on sache que vous y êtes, et revenez. » Cette bonté, cette délicatesse, et plus encore, l’idée de passer quinze jours sans la voir m’arrachèrent des larmes, que sa jolie étourderie d’alors, qui la tenait à cent lieues de la galanterie, l’empêcha de remarquer.

» Comme je ne crois pas aux passions qu’on sait ne pouvoir jamais devenir réciproques, quinze jours me guérirent de ce que je m’avoue ici pour la première fois, et que je n’aurais jamais avoué à personne, de peur qu’on ne se moquât de moi… Ai-je vu dans sa société quelque chose qui

  1. Il faut dire, pour l’intelligence de ce paragraphe, que le prince avait la voix fausse et que la prétendue cousine était la belle Angélique d’Hannetaire, fille du directeur du théâtre de Bruxelles ; elle chantait à ravir et avait beaucoup d’esprit ; le prince en était amoureux fou en ce moment-là.
  2. Voir les fragments des Mémoires inédits du prince de Ligne, publiés par la Revue nouvelle. 1840.