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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/283

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût ? Elle sentait un intrigant d’une lieue, elle détestait les prétentions en tout genre ; c’est pour cela que la famille de Polignac et leurs amis, c’est-à-dire Valentin Esterhazi, Bésenval, Vaudreuil, puis Ségur et moi lui étaient agréables. »

Si le prince adorait la reine, il faisait, en revanche, peu de cas du roi : « Le roi, dont j’espérais quelquefois un peu de mérite, dit-il, que je protégeais pour ainsi dire, dont je cherchais souvent à élever l’âme par quelque conversation intéressante, au lieu de ses propos de fou ou de chasseur, aimait beaucoup à polissonner. Ses coups tombaient toujours sur Conflans, les Coigny et les amis de Polignac. La reine est parvenue à le corriger de cela. C’était au coucher que Sa Majesté se plaisait à nous tourmenter. Il avait cependant une espèce de tact au milieu de ses jeux grossiers. Un jour qu’il nous menaçait de son cordon bleu, qu’il voulait jeter au nez de quelqu’un, le duc de Laval se retira. Il lui dit : « Ne craignez rien, Monsieur, cela ne vous regarde pas… » Coigny, grand frondeur, me disait un jour : « Voulez-vous savoir ce que c’est, que ces trois frères ? un gros serrurier, un bel esprit