Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

Le prince savait que le roi ne pouvait pas souffrir M. de Ried et il savait que c’était pour lui avoir parlé de la prise de Berlin par le maréchal Haddik que le roï avait pris le général Ried en guignon ; aussi, quand Frédéric lui demanda s’il trouvait Berlin changé, il n’eut garde de lui dive et de lui rappeler qu’il était de ceux qui s’en emparèrent en 1760. « Il fut satisfait de ma retenue, car c’était un vieux sorcier, qui devinait tout et dont le tact était le plus fin qu’il y eût jamais eu. »

Le prince osa lui poser une question hardie en parlant de la France.

« — Il y a de tout, Sire, dans ce pays-là, qui mérite réellement d’être heureux ; on prétend que Votre Majesté a dit que, si l’on voulait faire un beau rêve, il faudrait…

— Oui, interrompit le roi, c’est vrai, il faudrait être roi de France. »

Après quinze jours passés à Potsdam le plus agréablement du monde, les princes quittèrent à regret le roi de Prusse pour continuer leur long voyage et arrivèrent à Pétersbourg au mois d’août.

L’impératrice accueillit le prince de Ligne avec une distinction particulière ; elle le connaissait de