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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/298

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

longue date par les lettres de Voltaire et les récits de l’empereur Joseph à Mohileff. Catherine le trouva digne des éloges qu’on lui en avait fait et elle écrivait : « Il y a encore ici le prince de Ligne, qui est un des êtres les plus plaisants et les plus aisés à vivre que j’aie jamais vus. Voilà bien une têle originale qui pense profondément et fait des folies comme un enfant. Je m’accorderai fort de cette compagnie-là. »

Le prince, de son côté fut charmé de Catherine le Grand comme il l’appelait, et, grâce à ses récits, nous avons le portrait vivant de la czarine. « On voyait, dit-il, qu’elle avait été belle plutôt que jolie ; la majesté de son front était tempérée par des yeux et un sourire agréables ; mais ce front disait tout, on y lisait comme dans un livre : génie, justice, justesse, courage, profondeur, égalité, douceur, calme et fermeté.

» Son menton un peu pointu n’était pas absolument avancé, mais il était loin de se retirer et avait de la noblesse. L’ovale de son visage n’était pas bien dessiné, mais elle devait plaire, car la franchise et la gaieté habitait ses lèvres, Elle doit avoir eu de la fraîcheur et une belle gorge ; celle-ci ne lui était arrivée cependant qu’aux dépens de sa taille, qui avait été mince à