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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/300

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

qu’elle se permettait tout et qu’elle était un vrai feu d’artifice ; mais j’aime bien mieux sa conversation négligée, qui devient sublime lorsqu’il s’agit de beaux traits d’histoire, de sensibilité ou de grandeur. »

Et l’impératrice riait de bon cœur de cette franchise adroitement mêlée de compliments.

« C’est ce contraste de simplicité dans ce qu’elle disait avec les grandes choses qu’elle faisait qui la rendait piquante. Elle s’amusait d’un rien, prenait plaisir à la plus petite plaisanterie et s’en servait le plus drôlement du monde. Je lui racontai un jour que, pour me débarrasser du reproche que me faisait une dame de ce que je ne parlais pas assez et avais l’air ennuyé chez elle, je répondis que je venais d’apprendre qu’une tante qui m’avait élevé était à la mort. Lorsque l’impératrice s’ennuyait, les grands jours de représentation, elle me disait quelquefois : « Je suis au moment de perdre mon oncle. » Alors j’entendais dire, derrière moi : « Nous allons avoir un deuil ! » et toute la cour cherchait cet oncle dans l’almanach et ne le trouvait pas.

Quelle que fût la séduction exercée par Catherine sur le prince, elle ne put lui faire oublier Marie-Thérèse, et il écrivait à la fin de son sé-