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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/301

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

jour : « L’impératrice Marie-Thérèse avait pourtant bien plus de magie et de séduction… Notre impératrice enlevait ; celle de Russie laissait augmenter l’impression, bien moins forte, qu’elle faisait d’abord. Cependant elles se ressemblaient en ce que l’univers écroulé les eût trouvées impavidas ferient ruinæ ; rien au monde ne les eût fait céder ; leurs grandes âmes étaient cuirassées contre les revers ; l’enthousiasme courait devant l’une et marchait après l’autre. »

Il fallait pourtant s’arracher aux délices de ce charmant séjour. Mais, avant le départ des princes, l’impératrice dit en riant au prince père : « Puisque vous m’avez dit que vous vendriez, joueriez ou perdriez les diamants que je vous donnerais, en voilà seulement pour cent roubles autour de mon portrait en bague[1] ! »

  1. On dit que l’amitié de Catherine pour le prince de Ligne devint quelque ehose de plus ; nous inclinons à le croire, surtout en lisant les lettres acerbes que Grimm adresse à l’impératrice at sujet du prince, dont il était jaloux. On verra plus tard qu’il excita de même la jalousie de Potemkin. Quoi qu’il en soit, le prince fut discret sur ce point, il le fut aussi sur les conversations politiques qu’il eut avec l’impératrice ; il n’en raconta rien, même à propos de la Pologne. Il est difficile de croire cependant qu’il n’effleura pas ce sujet-là ; la princesse Charles était Polonaise, et Catherine pouvait supposer que son beau-père et son mari portaient quelque intérêt à ce malheureux pays.