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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/315

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

espéré de vous y voir, qu’ensuite j’ai compté m’arrêter à Bruxelles, même à Bel-Œil, et que j’avais supplié madame la princesse Charles, qui dit bien mieux que je ne pourrais écrire, de vous parler de moi dans quelques-uns de ses moments perdus. Elle n’en a point ? tant mieux pour elle et pour vous, tant pis pour moi. Mais j’ai bien eu mon tour à Spa, vingt fois j’ai voulu vous écrire, uniquement pour vous dire combien cette belle-fille-là était aimable et puis je pensais que vous n’étiez pas homme à ne le point savoir, et, quand on n’a rien de nouveau à dire, il faut se taire. »

Le prince rejoignit en effet sa belle-fille à Spa après le départ du chevalier.

Une ville d’eaux, à cette époque, ressemblait beaucoup à ce qu’elle est de nos jours, mais le prince la décrit avec une verve étourdissante : « J’arrive dans une grande salle, où je vois des manchots faire les beaux bras, des boiteux faire la belle jambe ; des noms, des titres et des visages ridicules ; des animaux amphibies de l’église et du monde sauter et courir une course anglaise ; des milords hypocondres se promener tristement ; des filles de Paris entrer avec grands éclats de rire pour qu’on les croie aimables et à leur aise, et espérant par là le devenir ; des jeunes gens de tous