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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/320

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

qui savait le chevalier en garnison à Valenciennes, lui avait écrit pour lui proposer de le rejoindre à Tournai et, de là, revenir à Bel-Œil. Le chevalier lui répond :

« Tout ce que tu me proposes me tente, mon brave Charlot ; mais, en examinant de près ton ordre de marche, je crois qu’il n’y a que mon régiment que je ne verrais pas. Mande-moi quand tu vas à Tournai, je prétends aller te défier à la tête de ton armée, et, si je la trouve sur deux Ligne, j’essayerai de les enfoncer.

» Cher prince, je t’aime comme si je te voyais tous les jours de ma vie. C’est qu’après toi il n’y a rien qui plaise autant que le souvenir qui en reste. Envoie-moi ton ordre de marche pour que je te joigne quelque part, et que, s’il se peut, je ne te quitte nulle part[1]. »

Le chevalier arriva à Bel-Œil à temps pour

  1. Le prince de Ligne aimait Boufflers d’une affection particulière ; il paraît cependant que le chevalier avait l’humeur très inégale ; car madame de Sabran, dans une des charmantes lettres qu’elle lui adresse, en trace le portrait suivant : « Ce n’est pas non plus tes manières de Huron, ton air distrait et bourru, tes saillies piquantes et vraies, ton grand appétit et ton profond sommeil quand on veut causer avec toi, qui m’ont fait t’aimer à la folie : c’est un certain je ne sais quoi, une certaine sympathie qui me fait penser et sentir comme toi ; car, sous cette enveloppe sauvage, tu caches l’esprit d’un ange et le cœur d’une femme. »