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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/321

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

prendre part à la représentation du Mariage de Figaro, qu’on joua avec grand succès sur le joli théâtre de Bel-Œil. Hélène jouait Suzanne, madame de Sabran la comtesse, Elzéar Chérubin, et Boufflers Figaro ; quant au prince père, il dut se contenter du rôle modeste du greffier Doublemain ; car nous devons avouer que, s’il donnait de bons conseils aux autres[1], il jouait fort mal lui-même. On lui donnait généralement l’emploi du notaire qui rédige un contrat, ou du laquais qui apporte une lettre, et il manquait régulièrement son entrée ; mais, en revanche, une fois en scène il n’en voulait plus sortir et disait tout bas, d’un ton suppliant, aux autres acteurs : « N’est-ce pas, que je ne vous gêne pas ? »

Hélène joua avec une malice et une gaieté qui rappelaient la rieuse pensionnaire de l’Abbaye-aux-Bois, avec quelque expérience en plus ; le petit Elzéar fut délicieux dans Chérubin, mais le chevalier l’emporta sur tous par la verve endiablée avec laquelle il débita son rôle. Ce fut un spectacle assez curieux et un signe des temps, que de voir l’aristocratique auditoire de Bel-Œil applau-

  1. Voir ses Lettres à Eugénie sur les spectacles. Paris, Valade, 1774.