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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/346

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

Le prince de Ligne se détacha de la flotte dans une petite pirogue zaporavienne pour prévenir le roi de l’arrivée de Catherine. Une heure après, les grands seigneurs de l’empire venaient le chercher dans une brillante chaloupe. En y mettant le pied, il leur dit avec le charme inexprimable de sa belle figure et de son joli son de voix : « Messieurs, le roi de Pologne m’a chargé de vous recommander le comte Poniatowski. » Le dîner fut très gai ; on but à la santé du roi au bruit d’une triple décharge de toute l’artillerie de la flotte. Puis le roi offrit à souper à tous les seigneurs de sa suite. La flotte avait jeté l’ancre devant son palais improvisé ; à peine la nuit venue, un embrasement général des rives du Borysthène simula une éruption du Vésuve qui éclairait les monts, les plaines et le fleuve comme le plus beau soleil. À la lueur des feux, on voyait se déployer les brillants escadrons de la cavalerie polonaise. Stanislas avait dépensé trois mois de temps et trois millions pour voir la czarine pendant trois heures.

Elle l’avait aimé ; mais, depuis longtemps, cet amour avait fait place à d’autres, et maintenant elle lui arrachait froidement et lentement les lambeaux du royaume qu’elle lui avait donné jadis.