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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/347

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

Ils se séparèrent de fort bon accord en apparence ; mais le roi s’était bien vite aperçu, pendant cette courte réunion, qu’il ne fallait plus songer à faire revivre le passé.

Ce fut la dernière entrevue de Catherine et de Stanislas. Huit ans plus tard, elle le détrônait de ses propres mains.

L’empereur Joseph rejoignit la ezarine à Kherson, et ils continuèrent ensemble ce voyage, qui ressemblait à un conte de fées. « Je crois encore rêver, dit le prince de Ligne, quand, dans le fond d’une voiture à six places, qui est un vrai char de triomphe, orné de chiffres en pierreries brillantes, et attelé de seize petits chevaux tartares, je me trouve assis entre deux personnes sur les épaules desquelles la chaleur m’assoupit souvent et que j’entends dire en me réveillant, à l’un de mes compagnons de voyage :

» — J’ai trente millions de sujets, à ce qu’on dit, en ne comptant que les mâles.

» — Et moi vingt-deux, dit l’autre en comptant tout.

» On prenait, en causant, des villes et des provinces, sans l’aire semblant de rien, et je disais : « Vos Majestés ne prendront que des misères et la misère. » L’empereur répondit en