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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/349

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

contre les Turcs élait décidée, et l’alliance austrorusse conclue.

Les préparalifs se faisaient en silence, quand tout à coup la Turquie prit l’offensive en faisant emprisonner l’ambassadeur russe, M. de Bulgakoff, au château des Sept-Tours, et, le 18 août 1787, Catherine déclara la guerre à la Porte.

L’impératrice comptait fermement sur l’alliance qu’elle venait de conclure avec Joseph II ; cependant elle questionnait le prince de Ligne :

— Que croyez-vous que fera l’empereur ?

— En doutez-vous, Madame ? il va vous envoyer ses vœux, peut-être ses souhaits ; mais, comme les uns sont plus portatifs que les autres, je suis sûr que sa première lettre en sera remplie. Le prince se trompait, l’empereur allait entrer prochainement en campagne, avec cent mille hommes[1], et venait de le nommer général en chef (feldzeugmeister) commandant toute l’infanterie. Malheureusement la lettre qui lui apportait ces nouvelles se croisait avec une qu’il écrivait à l’empereur pour lui demander la permission de servir dans l’armée russe en qualité de général ; il offrait, en même temps, de

  1. Ce fut le 9 février 1788 que l’Autriche, en qualité d’alliée de la Russie, déclara la guerre à la Porte.