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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

donner un bal aux plus jolies femmes de la cour qui l’en avaient prié ; mais on croyait les opérations de guerre fort engagées, et on ne lui en donna pas le temps :

« L’armée est peut-être déjà sous les murs d’Ocsakoff, lui disait-on, cinq mille Turcs ont été tués à Kinburn par Suwaroff. La flotte turque va se retirer, partez bien vite ! »

Il partit le 1er novembre 1757. « Mon Dieu, écrit-il, quel temps ! quels chemins ! quel hiver ! quel quartier général ! Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. Je crus que le prince, qui m’en avait assuré, serait charmé de me voir. Je ne me suis aperçu de l’air embarrassé qu’il eut le jour de mon arrivée que six mois après. Je lui saute au cou, je lui demande :

» — À quand Ocsakoff ?

» — Eh ! mon Dieu, disait-il, il y a dix-huit mille hommes de garnison, je n’en ai pas tant dans mon armée, je manque de tout, je suis le plus malheureux des hommes, si Dieu ne m’aide.

» — Comment, lui dis-je, l’histoire de Kinburn, le départ de la flotte, tout cela ne servirait à rien ? Mais j’ai couru jour et nuit, on me disait que vous commenciez déjà le siège !

» — Hélas ! dit-il, plaise à Dieu que les Tar-