Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
350
LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

service-ci, la bassesse des inférieurs et la pertinence des supérieurs. Quand le prince Potemkin fait un signe, ou laisse tomber quelque chose, vingt généraux sont à terre. L’autre jour, sept ou huit voulurent débarrasser le prince Repnin de son surtout : « Non, Messieurs, leur dit-il, le prince de Ligne s’en chargera. » Bonne leçon ! Ils ont plus de délicatesse dans l’esprit que dans le cœur, ils l’ont senti.

» Du reste, je fais le malheureux ; mais Sarti[1] est ici avec un orchestre excellent, et cette musique que vous connaissez, où il y a trente ut, trente , etc. Nous n’avons quelquefois point de pain, mais des biscuits et des macarons ; point de pommes ni de poires, mais des pots de confiture ; point de beurre, mais des glaces ; pas d’eau, mais toute sorte de vins ; point de bois pour la cuisine quelquefois, mais des bûches d’aloès à brûler et à sentir. Nous avons ici madame Michel Potemkin, extrêmement belle ; madame Skaw-

  1. Sarti (Joseph), célèbre compositeur italien, naquit à Faënza en 1730. En 1785, il fut appelé à Pélersbourg par Catherine II. Protégé par Potemkin, il fut nommé, en 1793, directeur du Conservatoire de Catharinoslaff, avec un traitement de 35 000 roubles, logement gratuit et 15,000 roubles d’indemnité de voyage. Admis dans les rangs de la noblesse russe, il mourut à Berlin en 1802.