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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/39

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

je dis Hélène, ainsi mademoiselle de Montmorency dit qu’elle me présenterait sous le nom d’Hélène.

» Nous partimes donc, c’était l’heure de la récréation ; mademoiselle de Narbonne, qui m’avait vue à l’abbatiale, m’avait déjà annoncée, elle avait dit que j’étais une petite sauvage qui n’avait pas voulu parler, mais que j’étais fort gentille. Comme il pleuvait ce jour-là, on faisait la récréation dans le cloître des Âmes ; dès que j’arrivai, tout le monde vint à nous, mademoiselle de Montmorency me mena aux maîtresses, qui me firent mille caresses ; alors la classe m’entoura, on me faisait mille questions saugrenues, auxquelles je ne disais pas mot, de façon qu’il y en avait qui me croyaient muette.

» Mademoiselle de Montmorency demanda à la première maîtresse de la classe bleue la permission de me conduire dans toutes les obédiences de la maison, la mère Quatre-Temps le lui permit ; alors elle me mena dans toute la maison, on me fit bien goûter, toutes les religieuses et les pensionnaires rouges me caressèrent extrêmement, on me donna des pelotes, des soufflets[1], des

  1. Petite pelote en forme de soufflet dans laquelle on piquait des aiguilles.