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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/397

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

vérité, elle la découvrit bien vite, et refusa nettement de recevoir la princesse : « Je ne me résignerai jamais, dit-elle à son mari, à recevoir une femme qui m’a dérobé votre affection, quelque soit la nature de vos relations. » Le comte, fort surpris de cette résistance inattendue, chercha inutilement à dissiper les soupçons de sa femme, et Hélène trouva la porte fermée quand elle se présenta chez la comtesse. Mortellement blessée de cet affront, elle se laissa aller à toute la violence de son caractère ; elle déclara au comte qu’elle exigeait de lui d’obliger sa femme à la recevoir ; ajoutant qu’elle n’accepterait jamais une telle insulte, qui la déshonorait aux yeux du monde. Le comte, après avoir cherché cn vain à l’apaiser, finit par s’emporter lui-même, et, après une scène terrible, il la quitta brusquement.

Bouleversée de la manière dont le comte l’avait quittée la veille, Hélène lui envoya dès le lendemain matin ces quelques lignes écrites avec un trouble qui les rends presque indéchiffrables :

« Je vous écris sans savoir par où commencer ; Quelle scène ! Je n’en suis pas encore remise ; vous m’avez quittée, abandonnée, et il ne me reste rien pour soulager ma peine. Je suis seule au monde. J’ai négligé mes amis, rompu mes