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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/44

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

tresse de la classe Bleue, venait, avec une sœur converse, me les faire prendre. Une fois, elle oublia de me les donner ; ce jour-là, les grandes demoiselles devaient manger un pâté, et, quand la porte de la chambre fut fermée, elles se relevèrent et se mirent à manger à la lueur d’un reverbère. Moi, voyant que l’on mangeait, je dis que j’en voulais et que je le dirais si l’on ne me donnait pas du pâté. Alors mademoiselle d’Équilly se détacha et vint m’apporter un gros morceau de pâlé et de croûte que je dévorai. Cependant madame de Sainte-Bathilde se souvint qu’elle ne m’avait pas donné ma poudre, elle se releva donc et vint me l’apporter. Dès que ces demoiselles entendirent la clef dans la serrure, elles coururent toutes à leur lit, et il y en eut une qui mit dans le sien tout les débris du pâté. Alors la maîtresse et la sœur Éloi vinrent à mon lit pour me faire prendre ma poudre. Comme je n’osais rien dire de peur de trahir ces demoiselles, je fus obligée d’avaler la poudre, venant de manger un gros morceau de croûte de pâté.

» Dès que madame de Sainte-Bathilde fut partie, ces demoiselles se relevèrent, en grognant contre moi ; elles disaient que c’était bien insupportable d’avoir une sotte marmaille comme moi dans leur