Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

chambre ; puis elles se mirent à boire du cidre. Je criai encore pour qu’on m’en donnât, elles ne le voulaient pas parce que je venais de prendre une poudre, et même mademoiselle de la Roche-Aymon vint me donner des tapes ; mais je me mis si fort à pleurer, qu’à la fin elles furent obligées de me donner un verre de cidre que j’avalai tout d’un trait. Le lendemain matin, j’eus une fièvre de cheval et l’on me porta à l’infirmerie ; j’eus le délire duns la nuit, enfin j’eus une fièvre putride, je fus à la mort, et je restai deux mois à l’infirmerie. »

À la suite de cette belle équipée, la santé de la petite princesse fut jugée trop délicate pour soutenir l’éducation générale, et son oncle ayant écrit qu’il autorisait d’avance toutes les dépenses nécessaires, il fut convenu qu’elle aurait un appartement particulier, une bonne, une femme de chambre et une mie.

« Ma bonne s’appelait mademoiselle Bathilde Toutevoix et m’aima bientôt à la folie ; on me donna un très bel appartement et on m’assigna quatre louis par mois pour mes menus plaisirs, et l’on ne me refusait rien pour mon entretien et mes maîtres. Mon banquier, M. Tourton, reçut l’ordre de mon oncle de me fournir jusqu’à trente