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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/448

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

« Nous commençons à être assez las de cette guerre, où MM. les émigrés nous promettaient plus de beurre que de pain. Nous avons à combattre des troupes de ligne dont aucune ne déserte, des troupes nationales qui restent toutes. Les paysans, qui sont armés, tirent contre nous, ou nous assassinent quand ils trouvént un homme seul ou endormi dans une maison… Le temps, depuis que nous sommes en France, est si détestable que tous les jours il pleut à verse et les chemins sont si impraticables que, dans ce moment, nous ne pouvons tirer nos canons ; de plus, la famine. Nous avons tout le mal imaginable pour que le soldat ait du pain, et la viande manque souvent ; bien des officiers sont cinq ou six jours sans trouver à manger chaud. Nos souliers et capotes sont pourris et nos gens commençent à être malades ; les villages sont déserts et ne fournissent ni légumes, ni eau de vie, ni farine, je ne sais comment nous ferons et ce que nous deviendrons. »

Cette lettre exprime un découragement qui devait être général, et Dumouriez se préparait à l’attaque dans de bonnes conditions ; mais il devait à tout prix empêcher l’armée des coalisés de s’emparer des défilés de l’Argonne. Cette forêt était impénétrable pour une marche d’armée, excepté