Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

mille livres par an[1], si c’était nécessaire.

» Ma bonne fut, en ce temps-là, bien en colère contre moi. Nous avions un chat qui aimait extrêmement ma bonne, et même moi, car, quelle que chose que je iui aie faite, il ne m’a jamais griffée, quoi que je l’aie souvent assez mis en colère pour qu’il jurât comme un possédé. Ce chat s’appelait la Grise. Une fois, mademoiselle de Choiseul et moi mangions des noix au bout du petit corridor qui aboutit aux commodités du vieux bâtiment ; nous nous étions assises sur des marches qui sont là ; par malheur, la Grise vint à passer : je l’appelle, elle vient à nous, et, tout en la caressant, l’idée nous prend de lui attacher des coquilles de noix aux pattes. Mademoiselle de Choiseul avait de la faveur dans son carton de filet, nous exécutons ce projet, et la Grise était si drôle ! car elle ne pouvait pas se tenir debout. Nous fîmes de si grands éclats de rire, que ma bonne et madame de Sainte-Monique nous entendirent de ma chambre ; elles descendirent et

  1. Il ne faut pas oublier qu’on élevait à l’Abbaye-aux-Beis de futures grandes dames ; toute leur éducation était donc dirigée vers ce but-là, et ne devait ressembler en rien à celle d’une petite bourgeoise. Les castes étaient trop marquées, dans ce temps, pour qu’elles fussent confondues, même chez les enfants.