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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/452

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

cinq ou six cents hommes, et, ce qui m’afflige sensiblement, le prince Charles de Ligne a été tué. Je l’aimais depuis son enfance, c’était le sujet le plus distingué de son âge parmi les Autrichiens. C’est une perte affreuse pour son père ! »

Le corps du prince Charles fut en effet porté à Bel-Œil, après avoir traversé Mons[1] pendant la nuit ; mais son père n’y était plus, il venait d’être rappelé à Vienne, ainsi que le maréchal de Lascy.

Quand arriva la terrible nouvelle, personne ne voulut se charger de la lui apprendre ; le maréchal seul eut le courage de remplir cette douloureuse mission. Il fit annoncer au prince qu’on avait de mauvaises nouvelles de l’armée de Clairfayt, ajoutant qu’il allait venir lui-même l’en informer. « Mon fils est blessé ! » dit le prince envoyant entrer le maréchal. Celui-ci se tut. « Mais parlez, grand Dieu !… » — « Hélas ! je ne voulais pas comprendre, écrit-il, quand il me dit cet affreux moi : Mort ! ou je ne pouvais pas… Je tombai anéanti et il me porta presque entre ses bras. Je le vois encore, l’endroit où le maréchal m’apprit

  1. À Mons, il y a quarante ans, les vieillards rappelaient la mort du prince Charles comme un événement douloureux qui avait affecté toute la ville.