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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/465

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

dences. On ne pouvait demander à une enfant de quinze ans l’expérience et la sagesse. Elle commençait depuis deux ans à savoir ce qu’il en coûte pour les acquérir.

Au moment où nous sommes, Hélène était toujours seule à Kowalowka, en proie à une tristesse que rien ne pouvait vaincre.

Quelques graves imprudences que sa passion lui eût fait commettre, Hélène n’avait jamais admis une minute la pensée de devenir la maîtresse du comte. Or elle savait, à n’en pas douter, que chacun lui prêtait ce rôle déshonorant. La douleur que lui causait cette opinion était redoublée par la crainte de l’effet qu’elle pouvait produire sur le comte. C’était un nouvel obstacle à une union déjà si difficile à accomplir. Au moment où, désespérant de l’avenir, Hélène s’abandonnait aux idées les plus sombres, elle apprit tout à coup la nouvelle de la mort de son mari. Ce passage subit du désespoir à la joie la frappa d’abord d’une sorte de stupeur, mais bientôt un seul sentiment envahit son âme, celui de la délivrance ; elle traça en hâte quelques mots à l’adresse du comte.

« Un boulet vient d’emporter le prince Chasles, je suis libre, c’est la volonté divine :