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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/466

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

ce canon était chargé depuis l’éternité[1]. » Et, tout entière à l’égoïsme de sa passion, elle ne donna pas un regret au premier compagnon de sa vie, pas une larme au père de son enfant. Cette fin glorieuse et émouvante ne lui causa pas un mouvement de pitié.

Puis, comme si la mort eût réellement reçu de Dieu la cruelle mission d’abattre les obstacles qui s’opposaient au bonheur d’Hélène, peu de jours après, le second fils de la comtesse Anna succombait à un mal de gorge gangreneux sans que sa malheureuse mère eût eu le temps de le revoir, enfin pour qu’il ne manquât rien à ce roman invraisemblable, la princesse apprenait presque en même temps la mort du prince Xavier, son frère, qui la faisait héritière de six cent mille livres de rente.

Le comte était arrivé à temps à Niemirow pour revoir son fils, auquel, il faut le dire, Hélène effrayée avait prodigué tous les soins imaginables ; il se hâta d’écrire à la comtesse Anna pour la prévenir du malheur qui venait de les frapper, puis, dans une lettre suivante, il lui annonça la

  1. Cette phrase est de madame de Sévigné. Elle l’écrivait à Bussy-Rabutin à propos de la mort de Turenne.