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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/76

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

temart n’avait pas de talent pour la tragédie. »

La duchesse douairière de Mortemart et la duchesse d’Harcourt en parlèrent à l’abbesse, qui consentit à laisser la petite princesse sortir trois fois par semaine pendant un mois pour les répétitions. Molé fut appelé pour diriger la troupe. « J’étais bien contente, dit Hèlène, car je rapportais toujours des bonbons, et mademoiselle de Mortemart sortait avec moi. Je sortis trois jours dans le temps de la représentation et l’on trouva que je jouais mieux que l’enfant de la Comédie-Française. M. Molé me recommanda bien de ne pas déclamer du tout, mais de dire naturellement comme dans une conversation, sans faire aucun geste, et cela me réussit fort bien. »

IL existait à l’Abbaye-aux-Bois un usage assez bizarre ; on permettait aux élèves, pour mieux fêter Sainte-Catherine, de prendre pour ce jour-là les costumes et les emplois ou dignités de toutes les dames du couvent, depuis l’abbesse jusqu’à la plus simple religieuse. Les nominations avaient lieu à la pluralité des voix, et le corps électoral, composé de toutes les pensionnaires, se réunissait gravement la veille dans la salle du chapitre pour voter. Cette année-là, Hélène fut élue abbesse et