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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/93

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

jours effectivement, elle ne souffrait presque plus, mais auparavant elle rongeait ses draps de rage et elle jetait des cris qu’on entendait au loin. Elle demanda une pastille de menthe, on lui en mit une dans la bouche, elle fit un effort comme pour tousser et expira[1].

» Quand on annonça sa mort à la classe, ce fut une douleur générale ; moi, particulièrement, je la pleurai beaucoup. On lui fit un service magni-

  1. La princesse de Montmorency, à moitié folle de douleur, partit précipitamment, et, de retour dans son château de Sénozan, elle écrivit au Magnifique Conseil de Genève pour le remercier des honneurs funèbres rendus à mademoiselle de Montmorency :
    « Messieurs,

    » M. des Chênes arrive qui m’apprend les honnêtetés sans nombre que le Magnifique Conseil lui a témoignées pour moy et les honneurs qu’il a bien voulu rendre à ma fille. Si quelque chose pouvait adoucir mon malheur, ce serait la part qu’il a prise à ma douleur. Vos attentions pendant sa maladie, messieurs, m’avaient déjà bien touchée, mais tout ce que vous avez fait dans cette circonstance a gravé dans mon cœur les sentiments de la plus vive et de la plus sincère reconnaissance.

    » Recevez-en, je vous prie, messieurs, les témoignages et soyez bien persuadés du parfait et inviolable attachement avec lequel j’ay l’honneur d’être, Messieurs,

    » Votre très humble et très obéissante servante,

    » Montmorency. »

    (Genève, Registres du Magnifique Conseil. Février 1775.)