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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/241

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DE JULIE


cœur ! Hélas ! ils sont heureux, m’écriai-je ! Quelle fut ma douleur, lorsqu’au sortir de cette assemblée brillante, où tout inspirait le plaisir et réveillait les passions, je me considérai seule, abattue dans un coin de ma chambre, pleurant sur mon infortune, regrettant le passé, gémissant sur le présent, et n’espérant plus rien de l’avenir ! Ces cruelles réflexions me jetèrent jusqu’à deux heures après minuit dans une espèce d’anéantissement dont je ne sortis que pour me mettre au lit, où mon imagination s’exerça encore de nouveau. La vanité, la jalousie me représentèrent sieur Valérie tel que je l’avais trouvé la première fois ; je ne pouvais concevoir qu’il eût pu me devenir indifférent à Bordeaux : il me parut charmant, et la Valcourt dangereuse. Ce n’était pas que je ne sentisse ma supériorité : la présomption ne nous aveugla jamais à notre désavantage ; mais comment me présenter à sieur Valérie ? Comment espérer de rallumer ses premiers feux, après l’avoir indignement sacrifié ? Je ne pouvais m’attendre qu’à en être méprisée.

Ayant longtemps été incertaine sur le parti que je prendrais, je me déterminai à lui écrire. La conjoncture était assez embarrassante ; je ne lui avais point donné de mes nouvelles depuis notre séparation. M. Démery m’avait vraisem-