Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
DE JULIE

Après quoi il lui vint en idée de faire chanter la Château-Neuf, qui s’en défendit fortement ; mais les vraies louanges qu’il prétendait en avoir reçues lui faisaient juger trop avantageusement de sa voix pour l’en tenir quitte ; il lui persuada qu’elle était musicienne et femme à talents. Celle-ci eut beau lui jurer que non, il n’en voulut rien croire, et soutint qu’à son âge on devait savoir chanter : pour l’affermir dans son opinion, j’eus la malice de lui faire signe qu’il ne se trompait pas, et le poussai en regardant la Daigremont, à laquelle il n’avait pas encore pensé. Il n’en fallut pas davantage, il me crut pieusement, et joua le sérieux, en bégayant qu’on ne devait pas se faire prier en compagnie. La Daigremont effrayée encouragea la Château-Neuf, qui, après avoir arpenté les quatre coins et le milieu de sa chaise, convint de chanter, aux conditions cependant qu’elle la seconderait et tiendrait sa partie. Ce procédé radoucit M. Poupard, qui s’offrit à en être. On moucha, cracha, après quoi la Château-Neuf et ma tante se mirent à psalmodier les anciens Mirlitons, auxquels M. Poupard fit à l’in-promptu une basse d’oreille. Ce petit charivari ne laissant pas de faire un concert assez comique, causa pour une seconde fois la disgrâce du pauvre Labrie, qui, au coin du buffet, crevait tranquillement