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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/308

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SUR DU GUESCLIN.

le comte y fit son entrée, secondé de Jean de Chandos et de Robert Knole, qui paroissoient à ses côtez comme ayant eu tous deux, après Clisson, le plus de part au gain de la bataille et de la journée. Chandos mena Bertrand prisonnier à Niort, et Knole fit garder à veüe le comte d’Auxerre, jusqu’à ce que, par un traité de paix, ils fussent tous deux remis en liberté.

Charles le Sage, roy de France, apprit avec un déplaisir extreme la nouvelle de la mort de Charles de Blois et de la prise de Bertrand Du Guesclin et du comte d’Auxerre. Il eût bien voulu declarer la guerre au comte de Monfort ; mais il avoit sur les bras les Anglois et les Navarrois, qui faisoient des hostilitez jusques dans le sein de ses États, et, bien loin de penser à combattre les autres, il avoit assez d’affaire à se defendre luy même. Cependant les choses prirent un meilleur train qu’il n es’étoit imaginé ; car le comte de Monfort voulant s’affermir dans sa nouvelle conquête, n’osa pas s’attirer la France. Il aima mieux envoyer des ambassadeurs à Charles pour luy faire offre de sa part, de luy rendre hommage pour la duché de Bretagne, et de se declarer son homme lige et son vassal. Le Roy donna volontiers les mains à l’agréable condition qu’il luy proposoit, et choisit l’archevêque de Rheims, de la maison de Craon, pour recevoir, en son nom, la foy de ce prince en Bretagne, et luy donna tout le caractere dont il avoit besoin pour négocier la paix avec luy. Ce prélat s’aquita tres dignement de sa commission, représentant au comte l’intérêt qu’il avoit de s’accommoder avec la veuve de Charles de Blois, duchesse de Bretagne, qui pouroit encore renouveller ses prétentions, et chercher dans l’Europe de nouveaux