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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/41

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précis des guerres


casser son mariage, et perdit les provinces que l’héritière d’Aquitaine lui avoit apportées en dot. Quelques historiens ont blâmé Louis de les avoir restituées : ils ont eu tort ; le Roi ne pouvoit les conserver sans blesser toutes les règles de la justice, et les seigneurs n’auroient pas souffert cette violation des lois féodales. On doit seulement reconnoître avec Hume que, dans cette circonstance importante, le Roi se conduisit plutôt comme un mari offensé que comme un habile politique. Aussitôt que l’arrêt du divorce fut prononcé, plusieurs seigneurs briguèrent la main d’Éléonore ; six semaines étoient à peine écoulées, lorsqu’elle épousa Henri, qui n’étoit encore que duc de Normandie. Cette précipitation a fait croire à plusieurs historiens que le mariage étoit convenu d’avance.

Le premier soin de Henri, en montant sur le trône d’Angleterre [1154], fut de demander la paix ; son autorité, encore mal affermie, ne lui permettoit pas de lutter contre la France, et Louis-le-Jeune, au lieu de profiter de ses avantages, consentit à signer un traité, en lui faisant payer deux mille marcs d’argent pour les frais de la guerre. Cependant Henri, maître de l’Angleterre, de la Normandie, de l’Anjou, du Poitou, de la Saintonge, de l’Auvergne et du Limousin, ne songeoit qu’à augmenter encore ses possessions. Il ne dissimuloit pas ses projets ambitieux, et disoit souvent que le monde entier suffisoit à peine à un grand homme. Il oblige d’abord le comte de Bretagne à marier sa fille unique à Henri, son fils aîné, et fait entrer ainsi cette province dans sa famille sollicite et obtient du pape Adrien III une bulle qui lui donne l’Irlande, dont le trône