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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/437

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ANCIENS MÉMOIRES


CHAPITRE XXV.


De l’artifice dont se servit Henry pour parler au roy d’Arragon, qu’il alla trouver déguisé sous l’habit d’un pèlerin de Saint Jaques.


Henry, s’étant retiré dans sa terre de Tristemare auprés de la Reine, sa femme, tout consterné de la perte qu’il venoit de faire de tout un royaume, dans la funeste journée de Navarrette que le prince de Galles avoit gagnée sur luy pour retablir Pierre dans ses États, il se mit en tête d’aller à la cour du roy d’Arragon, pour se découvrir à ce prince, en cas qu’il vit jour à l’engager dans ses intérêts, et, comme le roy Pierre avoit par tout posté des gens sur les chemins pour l’observer et se saisir de sa personne, il se mit en chemin luy troisième, travesty en pelerin, pour faire son voyage à coup sûr. La Reine sa femme, ne le put voir partir dans ce triste état sans verser des larmes ; mais il falloit s’accommoder au temps et tout attendre de la Providence. Il fit avec ses deux compagnons de si grandes traites à pied, qu’il arriva dans deux jours à Perpignan, sans être reconnu de personne. Un chevalier d’Arragon l’ayant rencontré sur sa route, luy demanda s’il venoit de Saint-Jaques et quelles nouvelles on y disoit d’Henry. Ce faux pèlerin luy répondit qu’il le croyoit à Tristemare, fort déconcerté de la perte qu’il avoit faite de tous ses États à la bataille de Navarrette qu’il avoit perdue