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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/549

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sur de simples soupçons ; on mène des religieux à la Bastille aussi librement qu’en leur couvent ; on la remplit de toutes sortes de personnes, nulle condition ni qualité n’étant capable de mettre à couvert ceux qui étoient jugés avoir quelque empreinte d’affection pour la Reine dans le cœur ; on s’attaque à tout le monde. Ceux de la faveur soupçonnent le duc de Montbazon, beau-père du sieur de Luynes, et avec raison si la plupart de ceux qui sont maltraités sont coupables, puisqu’ils ne sont chargés d’autres crimes que d’avoir discouru avec lui des moyens de faire faire, par l’intervention de son gendre, une action glorieuse au Roi, en rappelant sa mère au grand avantage de son État et de ses favoris.

Déageant prit toutes les réponses que Barbin, Bournonville, La Ferté qui étoit au duc de Rohan, les deux hommes de Barbin et un sergent de la Bastille avoient faites, et les communiqua au sieur Lasnier, conseiller au grand-conseil, qui, après les avoir vues et communiquées à quelques-uns de ses amis, lui promit qu’il feroit donner un arrêt de mort contre eux. Luynes, ayant su cette bonne volonté, fit dresser une commission au grand-conseil pour leur faire leur procès. Lasnier et La Grélièrc sont les rapporteurs de cette affaire ; Barbin demande, comme secrétaire du Roi, d’être renvoyé au parlement ; il en est débouté, et est ordonné qu’il procédera devant le grand-conseil. Luynes en envoya querir tous les juges l’un après l’autre, et leur recommanda cette affaire. Lasnier tous les soirs alloit chez lui lui rendre compte de ce qui se passoit, et, pour s’acquitter promptement de sa promesse en laquelle il étoit engage, il le