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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/561

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ment ledit cardinal, et lui dirent qu’ils l’avoient fait arrêter parce qu’il vouloit troubler l’union qui étoit entre eux, ce qu’il reçut avec autant de déplaisir que la foiblesse et la maladie en laquelle il se trouvoit l’obligèrent à témoigner le contraire. Ce lui fut un bien petit échange des maux qu’il avoit faits à l’empereur Rodolphe son frère, du ressentiment desquels il étoit mort.

La mort du cardinal du Perron, qui arriva en septembre, est bien digne de clore cette année, et sa mort et sa vie méritent d’être remarquées. Il étoit d’une maison noble de la basse Normandie, né toutefois en Suisse, dont il se glorifioit à cause de la fidélité de la nation. Son père fut ministre, et mourut le laissant jeune. Il vint à la connoissance de la vérité peu de temps après, et eut cette bénédiction de ramener sa mère au giron de l’Église. Dès l’âge de vingt ans il parut comme un prodige d’esprit et de science, et fut choisi par le roi Henri iii pour un de ses lecteurs, et de ceux qui faisoient devant lui des discours sur les matières qu’il leur proposoit, où il excella tellement qu’il n’y avoit personne qui osât se comparer à lui. Après sa mort, le roi Henri IV venant à la couronne, et l’hérésie tenant le dessus, il la confondit en une conférence qu’il eut à Mantes, l’an 1592, avec le ministre Rotan, qui étoit un homme insigne entre les hérétiques ; depuis lequel temps ils fuirent toujours la lice avec lui, et n’osèrent comparoître où il étoit ; ce qui ne donna pas peu de branle à l’esprit du Roi pour l’incliner à se ranger à la religion catholique. Il fut depuis envoyé à Rome par Sa Majesté pour obtenir de Sa Sainteté l’absolution de son hé-